Et elles jettent leur
langue aux chiens
Dominique Thirion
Les Soeurs H
Alexane Sanchez
Plus que tout autre sens, l’animal humain est toucher.
C’est le tact, la lisière de l’altérité.
C’est là que veille la frontière entre sommeil et mort.
C’est là que l’épouvantail protège.
Sur l’île, ou dans les chapelles, ou dans le passé, leurs yeux cherchent.
Elles lâchent la laisse, laissent la bride claquer au vent.
Plongent un peu plus profond dans qui elles sont.
Et finalement, elles ne détestent ni l’odeur fauve, ni le piquant du rebrousse-poil.
Elles ne détestent pas non plus la pulsion qui s’éveille et rugit ou miaule, beugle, bourdonne, hurle ou barrit.
Le lisse rencontre l’effroi.
L’abeille est livrée au soleil, accaparée par les fleurs.
Celleux qui créent aussi.
Et elles jettent leur langue aux chiens.
Laurence Baud'huin